Processus de transformation

Crédit photo : Miriam Fischer

Pour évoluer, il est nécessaire de transformer un comportement devenu inadapté à la réalité, générateur à long terme de frustration ou maladie, en un comportement plus adapté. 

Le processus de transformation repose sur 2 constats : 

  • Le comportement, inadapté aujourd’hui, a répondu à un besoin légitime à un moment donné
  • Malgré ses conséquences négatives, ce comportement continue de nous apporter des bénéfices à court terme

Ainsi, ce comportement, aujourd’hui inadapté, a eu son utilité, mais à présent il ne nous sert plus, ou pire : il nous freine.

Allons explorer la raison de ces comportements que nous répétons alors qu’ils ne se justifient plus et pourquoi est-ce si difficile de s’en défaire.

Avant de changer, il faut comprendre pourquoi on ne change pas. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est essentiel. Il s’agit ici de repérer les avantages, parfois inconscients, d’un comportement que l’on juge pourtant insatisfaisant.

Il s’agit d’identifier un comportement inadapté à la réalité (donc créateur d’un déséquilibre physique, physiologique, relationnel, psychologique, mental ou spirituel) et d’identifier ses avantages.

Par exemple :

  • Une compulsion alimentaire procure un soulagement émotionnel immédiat.
  • Une attitude agressive peut masquer une peur de se sentir impuissant, rejeté ou de perdre le contrôle.
  • Le silence ou le retrait protège d’un conflit ou d’une remise en question.
  • Reproduire un acte connu apporte une sécurité apparente.
  • Rester fidèle à son image auprès des autres permet d’éviter les ruptures et de garder l’affection des autres.

Cette étape demande honnêteté et bienveillance envers soi-même. Elle ne vise pas à se juger, mais à voir plus clair.

Peu à peu, les bénéfices apparents s’érodent. Ce qui nous protégeait nous enferme. Ce qui nous apaisait nous éloigne de nos besoins réels.

C’est le moment de prendre conscience des conséquences néfastes de ces comportements : frustration, perte d’estime, tensions relationnelles, mal-être physique ou émotionnel, rupture, déséquilibre, sentiment de vide ou d’impuissance, fatigue, …

Ainsi ce qui semble bénéfique, finit par provoquer des frustrations dans nos besoins fondamentaux (confort, équilibre, harmonie, reconnaissance, sécurité, intégrité physique et psychique, …). Le prix à payer est élevé : il y a perte de sens, de vitalité, parfois même de désir de vivre. C’est souvent à ce stade que l’envie de changement devient urgente, mais pas encore facile à mettre en œuvre.

Quelques exemples :

  • Compulsion alimentaire : surcharge pondérale & troubles de santé
  • Agressivité relationnelle : victime des réactions agressives en retour ou du rejet des autres
  • Mutisme : frustré de ne pas être entendu ou reconnu
  • Actes répétitifs non alignés avec nos besoins ou nos envies
  • Fidèle à son image mais mal entouré, par des gens qui abusent de notre gentillesse.

C’est ici que débute le véritable travail de transformation. Il faut vivre l’épreuve du changement. Cela implique d’abandonner une ancienne posture, sans toujours savoir par quoi la remplacer.

Cette phase peut être déstabilisante, car elle remet en cause notre identité, nos repères, nos relations. Elle nous confronte à des émotions intenses : peur, tristesse, colère, confusion, solitude. C’est un passage souvent inconfortable, mais un passage vers de nouveaux comportements plus alignés avec qui nous sommes aujourd’hui. 

Cœur du travail thérapeutique, c’est à ce moment-là que les gens viennent consulter, quand les inconvénients d’un comportement inadapté deviennent plus importants que les bénéfices que la personne en retirait jusque-là. 

La thérapie permet de modifier le regard que la personne porte sur elle-même, sur son entourage et sur son passé. Une thérapie met en mouvement !

Mais sans suivi, nous risquons de retourner à l’étape 1 ou 2, dans un cycle sans fin. Le suivi thérapeutique permet de traverser cette étape sans se perdre, de rester en lien avec le sens du chemin, d’avoir un témoin bienveillant de ce que nous traversons et d’aider à faire face à l’inconfort de cette transformation. Sans soutien, beaucoup de thérapies échouent ou stagnent.

Quand nous traversons cette étape en conscience, soutenu par notre entourage, nous découvrons les fruits du changement : relations plus justes, bien-être, sérénité, liberté intérieure, santé. Nous reprenons contact avec notre authenticité, nos envies profondes, notre capacité à créer de vrais liens avec les autres. Parfois, il sera nécessaire de reconstruire une à une toutes les relations ayant besoin de se transformer, pour être en adéquation avec cette identité plus juste pour soi et pour l’autre.

Toutefois, il n’y a pas d’état “final”. C’est un point d’ancrage, plus en phase avec qui nous sommes aujourd’hui. Et il permettra, demain, d’accueillir de nouvelles transitions avec davantage de solidité. Mais, un comportement ne sera jamais adapté définitivement, puisque notre réalité évolue sans cesse. Quelques mois ou années plus tard, un comportement adapté peut à son tour devenir inadapté.

Certaines attitudes peuvent ralentir ou même bloquer le processus :

  • De privilégier une vision à court terme de la satisfaction de ses besoins (et rester à l’étape 1)
  • Rejeter la faute à l’extérieur au lieu de prendre la responsabilité de son chemin (position de victime).
    Se comparer, culpabiliser ou se juger.
  • Nier et faire comme si tout allait bien, faire en sorte que ça ne se voit pas de l’extérieur
  • Confondre l’étape 2 (situation connue frustrante) avec l’étape 3 (situation inconnue et inconfortable) et opter pour la situation connue
  • Céder à la pression de l’entourage pour que la personne redevienne “normale” c’est-à-dire conforme à l’image qu’ils avaient d’elle avant son processus de transformation
  • Avoir peur de la phase de transition (étape 3) où l’on perd ses repères (phase de chaos). Vouloir éviter cette étape inconfortable.
  • Rester bloquer à l’étape 3, en ne bénéficiant plus des avantages à court terme (étape 1), sans avoir totalement réussi à adopter un comportement plus adapté (étape 4) : changer mais pas trop pour rester dans sa zone de confort
  • Penser que c’est enfin fini et que l’on peut rester à l’étape 4 à jamais, alors que la réalité évolue et que de nouveaux processus de rééquilibrage surviennent
  • Attendre des autres qu’ils changent à notre rythme ou selon nos besoins (si ça a fonctionné pour nous ça doit fonctionner pour eux = terrorisme relationnel).
  • Penser qu’on est resté à l’étape 1 alors qu’on est à l’étape 4

Pour que ce processus émerge et aboutisse il est important d’être l’observateur objectif de son propre comportement c’est à dire conscient de ses besoins, ses émotions et ses limites. Il est humain de transformer un comportement inadapté par un autre comportement inadapté, avant de trouver le bon équilibre. Par exemple, la colère envers quelqu’un, une fois libérée, peut être remplacée par de la colère envers soi-même (honte, culpabilité, dégoût). Ou bien, une personne ayant eu toute sa vie du mal à trouver sa place peut, une fois ce blocage libéré, devenir un peu trop intrusive, réclamant davantage l’attention des autres. Ceci n’est qu’une période transitoire.

Pour favoriser l’aboutissement du processus, il est important de :

  • Bénéficier du regard d’une tiers personne pour aider dans ce bilan objectif (ami, thérapeute, famille, …) à faire le tri entre comportements adaptés, inadaptés, transitoires, … Pour cela, il est important d’être accompagné par des personnes bienveillantes, respectueuses, sans jugement, ouvertes d’esprit, dans une attitude de transparence relationnelle, capable de se remettre en question elles-mêmes et permettant d’aboutir à notre autonomie.
  • Poser des actes, car prendre conscience de l’origine d’un problème n’est pas suffisant.
  • Accepter de se tromper ou d’échouer, car on apprend aussi de ses erreurs.
  • Chercher à décoder le sens des événements en cherchant la cause des causes.
  • Accueillir l’inconfort de l’étape 3 comme une épreuve à traverser et accepter de parfois ressentir de la solitude.
  • Faire preuve d’humilité en reconnaissant le chemin parcouru tout en acceptant celui qu’il reste à parcourir.

Parce que votre réalité évolue, et que l’équilibre trouvé hier peut nécessiter des ajustements aujourd’hui… Parce qu’il est naturel de douter, d’expérimenter, de trébucher avant d’intégrer un nouveau mode de fonctionnement… Parce que vous n’avez pas à tout porter seul(e)… Parce que dans les moments de doute, de fatigue ou de confusion, une séance de suivi peut faire toute la différence… Ne restez pas seul dans ce processus de transformation ! 

Un suivi thérapeutique permet :

  • Consolider les prises de conscience récentes et vos ressources intérieures,
  • Poser des mots sur ce que vous traversez,
  • Ajuster le tableau pour symboliquement accompagner cette transformation (notamment en fonction des éléments qui bloquent encore),
  • Éviter de retomber dans d’anciens schémas,
  • Approfondir votre chemin vers plus d’équilibre et de cohérence intérieure et relancer la dynamique si elle s’essouffle.

Le suivi n’est pas un luxe, ni une dépendance. C’est un accompagnement ponctuel mais précieux pour continuer à grandir en conscience.

Gardez confiance, vous êtes sur le bon chemin !

Cet article s’inspire largement du livre Le Langage de la guérison de Jean-Jacques Crèvecœur, dont je salue la qualité d’analyse et le regard singulier sur le fonctionnement humain. Un ouvrage qui invite à penser autrement et à sortir des sentiers battus.

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